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Comment lutter contre l’excès de confiance en soi ? Economie comportementale, Daniel Kahneman, biais de narration, biais d’optimisme…

Depuis plus de 4 ans, je me suis littérallement passionné par l’économie comportementale. Ne me juge pas ! On a tous nos passions dérangeantes.

Dans ce 2 ème épisode (1er épisode : les 2 vitesses de la pensée) de cette série consacrée à l’excellentissime livre de Daniel Kahneman « Système 1 Système 2″, on va apprendre comment faire attention à l’excès de confiance en soi.

Déjà, on peut définir l’économie comportementale comme le champ de la science économique qui étudie le comportement des êtres humains dans les situations de prise de décision.

Avant que j’oublie, tu peux aussi découvrir :

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Le biais de narration

Les hommes (et les femmes) détestent le hasard.

On a ce besoin presque viscéral de TOUJOURS trouver des causes aux événements, voire de relier 2 événements sans lien entre eux en se créant une belle histoire.

Notre esprit élabore alors des récits sur le passé afin de produire du sens.

Par exemple, si tu es fan d’une équipe de football, tu vas te construire tout un tas de superstitions pour te convaincre que, si tu les respectes , ton équipe favorite va gagner !

Comme si le port de ton caleçon fétiche avait une influence sur la performance sportive de 11 joueurs de football qui sont à plus de 500 km de toi et qui ne te connaissent pas.

Le syndrome du Je le savais bien (économie comportementale)

Des expériences ont montré que nous avons tendance à exagérer non seulement l’exactitude de nos prévisions d’origine, mais aussi celle des autres.

Bref, on a tendance à réviser l’histoire de nos convictions à la lueur de ce qui s’est vraiment passé.

Par exemple, si une opération chirurgicale peu risquée au cours de laquelle un incident imprévisible entraîne la mort du patient. Nous serons enclin à croire, après les faits, que :

  1. L’opération était en fait risquée,
  2. Que le médecin qui l’a ordonnée aurait dû le savoir.

Le biais rétrospectif nous pousse à estimer la qualité d’une décision non en fonction de la qualité du processus, mais en fonction de ses conséquences (bonnes ou mauvaises).

L’illusion de compréhension

Tu ne ferais JAMAIS la queue à la FNAC pour acheter un livre qui décrit avec enthousiasme les pratiques d’un chef d’entreprise qui fait à peine mieux que la chance !!

On veut des messages clairs sur ce qui détermine OUI ou NON la réussite dans le business.

Bref, on recherche des histoires qui nous donnent l’impression de comprendre.

PS : aussi illusoires, soient-elles.

L’illusion de validité (économie comportementale)

Le système 1 (voir épisode 1) est conçu pour tirer des conclusions hâtives à partir de très peu d’informations. Surtout, il n’est pas conçu pour comprendre à quel point ses conclusions peuvent être hâtives.

Par exemple, la confiance subjective en un jugement ne veut pas dire que c’est une évaluation raisonnée de la probabilité que ce jugement soit correct.

La confiance représente plutôt un sentiment, qui reflète :

  1. La cohérence de l’information (Voir Influence et Manipulation de Robert Cialdini),
  2. L’aisance cognitive du traitement de cette dernière.

L’illusion de talent

Qu’est-ce qui nous permet de croire que nous sommes plus malins que le marché ? La moyenne ? Nos collègues ?

Ne serions-nous pas plutôt la victime d’une illusion de talent ?

As-tu remarqué comme nous pouvons entretenir une foi inébranlable dans n’importe quelle proposition (aussi absurde soit-elle) quand nous sommes entourés par une communauté partageant la même foi ?

L’illusion des experts (économie comportementale)

As-tu également remarqué notre tendance ?

  1. A construire des récits cohérents du passé,
  2. Notre difficulté à admettre les limites de nos capacités à prédire le futur.

Ceux qui en savent plus prédisent un petit mieux que ceux qui en savent le moins. Mais ceux qui en savent le plus sont également souvent moins fiables.

Pourquoi ?

Parce qu’à mesure qu’une personne acquiert davantage de connaissances, elle développe une illusion accrue de ses capacités. Dès lors, elle affiche une confiance en elle irréaliste.

Le monde est imprévisible

Si tu as envie d’en savoir plus sur l’incertitude et les erreurs de prévision, fonce lire l’excellent livre de Nassim Nicholas Taleb « Le Cygne Noir ».

De cette section, retiens 2 choses :

  1. Les erreurs de prédiction sont inévitables parce que le monde est imprévisible.
  2. Il ne faut pas voir dans une grande confiance en soi la preuve de l’exactitude.

En réalité, une faible confiance en soi en constituerait un meilleur signe.

Intuitions vs formules mathématiques selon Paul Meehl

Dans son essai « Prédiction clinique et prédiction statistique : analyse théorique et étude des preuves », Paul Meehl démontre la supériorité des formules mathématiques (et des algorithmes) sur les intuitions.

  1. Les experts s’efforcent d’être malins, de sortir des sentiers battus et de prendre en compte des combinaisons complexes. De temps à autre, la complexité fonctionne, mais le plus souvent, elle limite la validité.
  2. Les humains font preuve d’une inconstance incorrigible quand ils analysent des informations complexes.

Par exemple, une étude a démontré les perspectives qu’un détenu se voit accorder une remise en liberté changent de manière significative selon le temps écoulé depuis la dernière pause des juges.

La formule de la stabilité conjugale de Robyn Dawes

Suite aux travaux originaux de Meehl, le développement le plus significatif vient du célèbre article de Robyn Dawes « La robuste beauté des modèles linéaires incorrects dans la prise de décision ».

Dans un exemple mémorable, il montre que la stabilité conjugale peut être efficacement prédite par une formule :

Stabilité conjugale = Fréquence des rapports sexuels – Fréquence des disputes

Mieux vaut pour ton couple que le résultat ne soit pas négatif !

OK Guillaume et pourquoi cette hostilité contre les algorithmes ?

Parce que la cause de l’erreur a son importance…

L’histoire d’un enfant qui meurt parce que l’algorithme d’une voiture autonome a fait une erreur est plus poignante que la même tragédie due à l’erreur d’un médecin.

Attention : l’intuition reste une valeur ajoutée, mais seulement si l’on a au préalable rassemblé rigoureusement et soigneusement classé des informations objectives.

L’intuition des experts : quand leur faire confiance ? (économie comportementale)

Comment évaluer la validité probable d’un jugement intuitif ? Quand les jugements sont-ils le reflet d’une authentique expertise ? Quand trahissent-ils une illusion de validité ?

La réponse tient aux 2 conditions essentielles à l’acquisition d’une compétence :

  1. Un environnement suffisamment stable et régulier pour être prévisible,
  2. La possibilité d’apprendre ces régularités stables grâce une pratique durable.

La pratique et le feed-back

Retiens que le développement d’une expertise intuitive dépend essentiellement de :

  1. La qualité et la rapidité des retours,
  2. La possibilité de pratiquer.

Par exemple, dans le cas d’un blogueur, plus on écrit d’articles, plus on aura de retours via les :

  • Statistiques de Google Analytics,
  • Commentaires,
  • Mails,
  • Réseaux sociaux pour nous indiquer si nos articles plaisent.

Parallèlement, plus on écrira, plus on développera un style propre et plus on deviendra bon (possibilité de pratiquer).

La vision externe

La meilleure façon d’obtenir une information d’un groupe ne consiste pas à lancer un débat général, mais de collecter confidentiellement l’avis de chacun.

L’attrait de la vision interne (économie comportementale)

Généralement quand on mène un projet, on a souvent tendance à adapter une vision interne, alors que nous devrions oublier notre propre cas et nous intéresser à ce qui s’est passé autour de nous.

Par exemple, avant de se lancer dans le freelancing, tu peux aller échanger avec d’autres professionnels qui sont plus avancés que toi.

Ils pourront te donner des conseils précieux et t’éviter un tas d’erreurs.

L’erreur de prévision

On garde tous en tête des erreurs de prévisions.

Par exemple, citons le projet de construction du nouveau parlement écossais.

Au départ (1997), il était estimé à 40 millions de £, puis 109 millions en 1999, 195 millions en 2001, alors qu’au final, il coûtera près de 431 millions £, juste 10 fois PLUS que prévu.

J’ai pris un exemple écossais, pour que cela soit moins douloureux en tant que français(e) !!

Innocence, incompétence ou naïveté ? (économie comportementale)

Les auteurs de plans irréalistes sont souvent mus par le désir que leur plan soit approuvé !

Ils partent du principe qu’il est rare que des projets soient abandonnés, inachevés simplement à cause d’un dépassement de budget ou d’un retard.

Dans de tels cas, la plus grande responsabilité pèse sur les épaules des décideurs qui l’approuvent.

Ils leur incombent la nécessité d’une vision externe et d’éviter les erreurs de prévision.

Comment minimiser l’erreur de prévision ?

Bent Flyvberf, célèbre spécialiste danois de la planification (et enseignant à Oxford) nous conseille de :

  1. Identifier une catégorie de référence appropriée. Par exemple : rénovation de cuisine, grands projets ferroviaires…
  2. Obtenir les statistiques de la catégorie de référence et les utiliser pour produire une prédiction de base.
  3. Se servir d’informations particulières au projet envisagé pour ajuster la prédiction de base.

Le biais d’optimisme (économie comportementale)

L’erreur de prévision ne représente que l’une des manifestations les plus courantes du biais d’optimisme.

As-tu remarqué notre tendance à considérer le monde comme plus bienveillant qu’il ne l’est en réalité ? Nos propres atouts comme plus positifs qu’ils ne le sont ? Nos objectifs plus réalisables qu’ils ne le seront probablement ?

Comme nous venons de le voir, nous avons tendance à exagérer notre capacité à prédire l’avenir. Tout cela contribue à provoquer un excès de confiance, qui peut être considéré comme un avantage ou un risque.

Par exemple, on remarque souvent que les créateurs d’entreprise sont souvent victimes du biais d’optimisme et ont généralement une aversion au risque moindre que les fonctionnaires !

A retenir (et à partager)

Infographie comment lutter contre l'excès de confiance avec l'économie comportementale
Infographie Economie comportementale : l’art de lutter contre l’excès de confiance

A toi, comment fais-tu pour lutter contre l’excès de confiance (économie comprtemantale) ?

Tu es sur Pinterest ? Moi aussi ! Ne me laisse pas toute seule.

Comment lutter contre l'excès de confiance en soi ? Economie comportementale, Daniel Kahneman, biais de narration, biais d'optimisme...